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Mission impossible: défendriez-vous une grande cause ?

Mardi 28 août 2018. 8h20. Cette demi-seconde d’émotion restera peut-être ce que l’Histoire retiendra de lui. Ce moment, où, micro ouvert, il prend en direct la décision de s’en aller du gouvernement, sans avoir prévenu personne.
Une première historique, en même temps que l’expression d’un aveu d’impuissance. Le pari presque naïf que ce départ provoquera une « prise de conscience ».

1er février 1954. C’est également une minute de radio qui rend Henri Grouès, 42 ans, dit l’abbé Pierre, soudainement célèbre. Ses mots sont si forts, sa colère si juste que la presse titre dès le lendemain matin : « l’insurrection de la bonté ».
L’appel rapporte aussitôt 500 millions de francs en dons, ce qui permet de faire construire les premières cités d’urgence. Le même appel mobilise aussi des bénévoles dans toute la France, ce qui permet de lancer le mouvement Emmaüs. Aujourd’hui, Emmaüs Habitat gère 12675 logements, 32 foyers, occupe 250 salariés et loge plus de 50 000 personnes !

26 septembre 1985. L’animateur de l’émission de radio quotidienne « Y’en aura pour tout le monde » sur Europe 1, déclare tout de go : « J’ai une petite idée comme ça, si des y a des marques qui m’entendent, je ferai un peu de pub tous les jours. Si y a des gens qui sont intéressés par une cantine gratuite qu’on pourrait commencer par faire à Paris ». Il s’appelle Michel Colucci, dit Coluche. Il vient de lancer les Restos du Coeur, une organisation qui compte aujourd’hui 1950 centres et distribue 91 millions de repas par an.

Le point commun de ces trois aventures ?

La radio bien sûr.

Ces trois hommes bénéficient d’un accès facile à ce média (l’abbé Pierre est déjà ancien député, Coluche est producteur de son émission, Nicolas Hulot est « chez lui » à France-Inter où il a animé une émission dans les années 80).

Chacun d’eux connaît la puissance du micro. L’importance de la voix. La portée du verbe.

Chacun a la conscience profonde de ce qui, à la radio, fait un événement.

Et l’art de susciter l’émotion, puis l’adhésion.

Ne reste plus qu’à transformer cela en un mouvement qui dure …. ou pas.

Un élan qui peut aussi accoucher de lois importantes.
Le combat de l’abbé Pierre permettra l’adoption de la loi interdisant l’expulsion de locataires pendant la période hivernale.
La « loi » Coluche crée une déduction fiscale supplémentaire pour les dons aux organismes d’aide aux personnes en difficulté.

La différence-clé entre ces trois aventures ?

Seul Nicolas Hulot aura profité de sa notoriété accumulée au cours de sa vie médiatique pour rejoindre un gouvernement.
Lui seul aura fait, en quelque sorte le chemin en raccourci : profiter de son « capital » sympathie pour aller directement faire la loi.
Sans passer, comme Coluche ou l’abbé Pierre, par le lobbying.

Pourtant, à l’arrivée, alors qu’il aura quand même contribué à faire avancer un certain nombre de choses sur le terrain législatif (voir cet article du Figaro), restera d’abord dans les mémoires son renoncement et ce sentiment d’immense déception collective.
Pourquoi a-t-il raté là où les deux autres avaient réussi ? Le système médiatique était pourtant équivalent.
Serait-ce que le fait d’être ministre rend impuissant ?

Et si c’était une question de stratégie ?

Une stratégie se définit comme un couple « objectifs-moyens », et, on le sait, le plus important est d’avoir des objectifs clairs. Pour Coluche ou pour l’abbé Pierre, l’objectif est en effet on ne peut plus simple, net, précis.

Aider des gens à se nourrir et à se loger.

Pour atteindre cet objectif, les médias font le principal : l’écho. La logistique, elle suit comme elle peut. Pour Coluche, elle est organisée par les étudiants de l’ESCP où Alexandre Lederman, le fils de l’impresario de Coluche, est alors étudiant.

Dans le cas de l’abbé Pierre, il faudra des semaines pour rassembler et traiter tous les dons qui lui permettront de fonder une organisation solide : les communautés d’Emmaüs et leurs « filiales », si l’on ose écrire.

Dans le cas de Nicolas Hulot, la stratégie est nettement moins claire. Quel était l’objectif ?
En matière d’écologie, tout le problème est là.

Où sont les objectifs à court terme ? Quels sont les vrais leviers ? Comment organise-t-on les priorités ?

Quiconque connaît de près les sujets liés à l’environnement sait qu’ils sont en réalité très techniques, que les arguments des uns annulent les arguments des autres, tout dépendant de la façon dont les uns et les autres en question mesurent les fameuses « externalités négatives » d’une activité.

Le mauvais objectif des « interdictions »

Tout se passe comme si Hulot avait construit son action sur des grands combats symboliques (Notre-Dame-des-Landes, la sortie du glyphosate, l’interdiction des produits plastiques, le nucléaire …) qui se sont retournés comme autant de pièges « mangeurs d’hommes » à chaque fois.
Dans des questions aussi techniques et stratégiques, vouloir imposer des réponses en termes d’interdiction à partir de son seul capital médiatique s’est transformé en suicide programmé.

La stratégie Brice Lalonde.
On ne peut que repenser à la vision plus judicieuse qu’avait eue un de ses prédécesseurs, au ministère de l’Environnement.
Dans exactement la même situation d’arbitre des élégances, avec des lobbyistes au combat opposé à chaque bout de la table.

A une époque où chacun prenait le sujet des déchets par-dessus la jambe, Lalonde s’était ainsi assuré le soutien des gros acteurs du traitement des déchets, en leur montrant l’intérêt qu’ils avaient à soutenir le recyclage, la récupération, etc.

Et ce, contre les autres secteurs de l’économie qui renâclaient.

Sa stratégie avait été simple : « pour défendre une grande cause, il faut en faire un marché« , disait-on alors dans son entourage.

Et vous, comment feriez-vous ?

Photos : ministère de Transition écologique et solidaire / Wim van Rossem / Anefo Creative Commons

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